Remote Care Emmental promet de soulager les médecins de famille

Comment le projet a-t-il vu le jour?

La pénurie de main-d’œuvre qualifiée, particulièrement marquée dans les zones rurales, représente certainement un facteur déterminant du projet. Remote Care, autrement dit la prise en charge de patient-e-s à distance, permet de gagner du temps.

Avec la même quantité de personnel, il s’avère ainsi possible de prendre en charge autant, voire plus de patient-e-s. Cette approche doit contribuer à maintenir l’accès aux soins de santé en milieu rural.

Quels objectifs le projet compte-t-il atteindre?

Le projet se concentre sur l’amélioration des soins médicaux aigus dans les EMS. L’objectif consiste à démontrer qu’un diagnostic plus approfondi est possible et utile sur place, de sorte à ne pas rendre la présence d’un médecin obligatoire dans tous les cas. Dans les situations d’urgence, en dehors des heures de travail régulières notamment, il s’agit d’éviter le recours à une ambulance, voire à une hospitalisation.

Cela sert le bienêtre des patient-e-s, car chaque hospitalisation représente une charge de travail importante pour toutes les personnes concernées et mobilise des ressources personnelles et administratives. Enfin, le projet tente par ce biais de mieux soutenir les soignant-e-s et, espérons-le, de les maintenir plus longtemps dans la profession.

Pouvez-vous donner des exemples concrets de technologies de télémédecine utilisées en ambulatoire?

Un exemple concret de Remote Care consiste en l’usage d’ordinateurs sur des charriots mobiles, qui sont déjà utilisés aujourd’hui pour les visites dans les hôpitaux. Ces charriots sont équipés d’appareils de mesure supplémentaires, comme les appareils à ultrasons, et offrent la possibilité d’une vidéoconsultation. Cela permet aux médecins de voir et d’évaluer les patient-e-s en temps réel sans avoir à se rendre sur place.

Un autre exemple est celui des mesures mobiles de données vitales combinées à des téléconsultations. Ces technologies permettent aux centres de contrôle médical de déterminer en dehors des heures de travail habituelles si un-e patient-e requiert une hospitalisation, ce que les nouvelles consultations en direct cherchent précisément à éviter.

Cependant, des questions restent en suspens concernant l’utilisation de ces appareils. Il faut par exemple déterminer quel est leur cout et si l’on recourt suffisamment à ces appareils dans l’EMS pour justifier l’investissement initial. De plus, on ne sait pas encore si les appareils sont réellement pratiques et aisés à utiliser. Cet aspect de la consultation à distance doit encore faire l’objet d’une étude plus approfondie.

Et sur quoi va déboucher le projet?

Le projet recèle un grand potentiel, car les travaux de recherche sur ce sujet demeurent rares. En Allemagne, des initiatives comparables sont également menées dans des EMS à titre de projets pilotes. On ne peut toutefois pas encore citer d’expériences concluantes à ce jour.

Un facteur décisif pour l’avancement du projet reste le financement, ce qui signifie impliquer l’industrie. Ce point se révèle absolument crucial pour la mise en place et le développement technique. À moyen terme, nous comptons utiliser le dossier électronique du ou de la patient-e (DEP) comme plateforme d’échange de données. Nous cherchons ainsi à favoriser la circulation des informations entre différent-e-s acteurs et actrices. Les patient-e-s ne doivent pas être les seul-e-s à disposer d’un accès à leur DPE, le personnel soignant et les médecins doivent également pouvoir l’utiliser pour collaborer plus efficacement.

Nous avons déposé le projet le 5 janvier 2025 auprès de l’Office fédéral de la santé publique dans le cadre du programme d’encouragement «Efficience dans le domaine des soins médicaux de base». Nous escomptons maintenant une décision positive et espérons pouvoir démarrer le projet le 1^er mai 2025.