- Story
L'expatriée: Hélène Besson
03.05.2021 Pendant ses études à la BFH, Hélène Besson a fait un stage au Mozambique. Une décision lourde de conséquences: Aujourd'hui, elle vit et travaille là-bas dans sa propre ferme et en tant que consultante.
Quel était votre domaine d'études à la BFH?
J’ai fait le Bachelor avec le major en «Agriculture international» et le Master avec le major en «Value chain and rural development».
Quand avez-vous terminé votre formation?
En février 2017
Quelle est votre activité professionnelle en ce moment?
Je travaille sur notre ferme au Mozambique près de Pemba au Mozambique dans la province de Cabo Delgado. En ce moment, je travaille également sur un mandat de consulting pour du café régional.
Qu'est-ce que les études à la BFH vous ont apporté?
La pratique liée avec la théorie est un véritable point fort de mes études, surtout durant le Bachelor. J’ai appris également à analyser les situations en prenant en compte les différents facteurs et point de vue qu’englobent une problématique. Les travaux de groupe, qui parfois sur le moment peuvent sembler agaçant, sont de véritables entrainements pour la vie professionnelle de tous les jours, car il faut faire preuve d’écoute en accueillant les idées des autres afin d’obtenir le meilleur résultat.
Rétrospectivement, qu'est-ce qui vous a manqué durant vos études à la BFH?
Pour ma part, le master pourrait être plus lié avec des pratiques professionnelles. En invitant par exemple des professionnelles qui exposent les problématiques rencontrées dans leur travail. On pourrait ensuite imaginer ensemble des stratégies à mettre en place pour dépasser ces difficultés, tout cela en lien avec un certain module.
Quel a été l'événement le plus marquant de votre parcours professionnel?
Mon travail, durant 3 mois, en tant que gestionnaire de projet dans l’aide d’urgence après le cyclone Kenneth qui avait frappé notre province en 2019. J’étais responsable de la distribution de nourriture pour près de 15'000 familles. C’était très intéressant de travailler pour un temps dans l’aide d’urgence afin de m’y forger ma propre opinion.
Vous avez émigré au Mozambique avec votre mari: Qu'est-ce qui vous a poussée à prendre cette décision?
Mon mari est Mozambicain et nous nous sommes rencontrés au Mozambique durant mon stage de Bachelor. Pour ma part, j'ai tout de suite aimé le pays. Nous avons ensuite habité trois ans en Suisse le temps de faire nos Master. C’était logique pour nous deux que nous serions plus «utiles» au Mozambique. C’est ici que nous pouvons contribuer au mieux avec nos connaissances.
Quel a été votre plus grand défi en relation avec cette émigration?
Je pense que nous sommes en train de vivre notre plus grand défi. L’aspect sécuritaire dans la région n’est pas bon. Cela fait trois ans que notre province subit des attaques dans les districts plus au nord. En mars dernier, il y a eu une plus forte attaque dans une ville qui abrite un mégaprojet gazier. Suite à cela, beaucoup d’entreprises et certains amis ont décidé de quitter la province.
Cela a des répercussions sur la vente de nos légumes, car dorénavant les hôtels sont vides et les magasins peu fréquentés. Nos filles n’ont également plus d’école car leurs professeures sont parties. C’est aussi un stress émotionnel qu’il faut arriver à gérer. Pour l’instant, on sent qu’on doit rester ici. Mais selon l’évolution de la situation, nous serons peut-être amenés, à contrecœur, à prendre d’autres décisions.
Vous avez acquis des terres au Mozambique. Était-ce d’emblée clair dans votre esprit que vous vouliez votre propre domaine?
Oui, dès que nous nous sommes rencontrés, nous avons eu ce rêve d’avoir notre propre ferme.
Profitez non seulement des connaissances de vos professeurs, mais également de vous amuser et de vous faire des amis pour la vie.
Quels sont les plus grands défis qui se présentent lorsqu’on gère un domaine au Mozambique? Quelles différences y a-t-il par rapport à la Suisse?
Ici, surtout pour les légumes, il n’y a pas de service de vulgarisation. Très peu de recherche est faite pour la production des légumes. Les intrants sont difficiles a trouvé et son chers. Par exemple, lors de notre arrivée, nous avons été jusqu’au nord de la Tanzanie (1700km) pour aller chercher du matériel pour crée notre serre. Ces difficultés nous poussent à faire nos propres recherches et essaies et à être plus innovateur.
Qu'est-ce qui vous plaît le plus dans votre vie au Mozambique?
Le style de vie en général. Les gens sont plus calmes, moins stressés, il y a moins de pression sociale. Il fait toujours beau et chaud (parfois trop chaud, je l’admets). Le contact avec les gens est facile.
Qu'est-ce qui, à vos yeux, est typique du Mozambique (mode de vie, nourriture, valeurs, traditions ou autres)?
Le Mozambique est tellement grand que même à l’intérieur du pays, il y a des différences culturelles énormes. Rien que dans notre province (qui fait quasi deux fois la Suisse), il y a trois ethnies qui ont des langues, rites et coutumes complètement différentes.
En général, je dirais que les Mozambicains voyagent énormément à l’intérieur de leur pays pour des motifs professionnels. Ils ont un patriotisme régional très faible malgré leurs différences culturelles fortes, contrairement à la Suisse. Peut-être cela vient de leur antécédent communiste.
Y a-t-il quelque chose en Suisse qui vous manque?
L’excellent fromage de chèvre produit par mon frère et… la raclette (bien sûr en tant que Valaisanne…). Ma famille et amis également, mais grâce au réseau sociaux ce manque est atténué.
Quel conseil d’alumna donnerais-tu aux étudiant-e-s d’aujourd’hui et de demain?
Profitez à 100% de vos études. Profitez non seulement des connaissances de vos professeurs, mais également de vous amuser et de vous faire des amis pour la vie.